Sur le fil de la réalité

Et re bonjour à tous  !

Dans cet article, je vais vous apprendre de façon "rapide" comment faire vos prévisions météorologiques. Ceci est "simple", il suffit juste de connaître la bidouille !

Tout d'abord, rendez-vous sur le site allemand où vous trouverez les modèles de prévisions gratuits. (Ceux de Météo France, avec le fameux modèle "Arpège", sont par exemple payants).

Donc, allons sur ce site : Wetterzentrale

Vous allez arriver sur cette page :

En cliquant sur le lien "Top Karten", vous accéderez aux différents modèles de prévisions disponibles. Par exemple, comme je l'ai entouré en rouge, le modèle GFS. Vous aurez également la possibilité d'accéder à d'autres liens, mais les principaux restent le "Top Karten", le "9-panel" et l'onglet "Archiv".

Une fois que vous aurez cliqué sur "GFS", vous arriverez sur la page Web suivante :

Par défaut, vous tomberez sur le paramètre "500 HPa Geopot...". Ceci vous indique la valeur des pressions en "hectopascals". Les "H" représentent les anticyclones et les "L" les dépressions (tel que l'on vous en parle très souvent à la météo sur les chaînes télévisées). Comme vous pouvez l'observer, je vous ai aussi entouré les principaux paramètres utiles afin de faire vos prévisions et observations. Soit : 
850 HPa Temp : températures en pression de 850 hectopascals qui équivaut à la température moyenne qu'il fait à l'altitude de 1.500 mètres.
Niederschalg : correspond aux précipitations (pluie/neige)
2m Temp : températures au sol
500 HPa Wind : directions des vents à la pression de 500 HPa (altitude de 3.000 mètres)

Enfin, la ligne verte située juste sous les onglets vous donne l'évolution du modèle de 0 à 48 heures. 

Voici comment vous servir de ce site. Et pour l'occasion, nous allons prendre l'exemple de la prévisibilité des chutes de neige en montagne.

A savoir en premier lieu que le modèle numérique par défaut est GFS (dont se sert Météociel pour ses prévisions).
En second, il vous faudra cliquer, à titre d'exemple, sur l'onglet "850 hpa temp". 

Pour vous expliquer en "gros", vous aller voir une carte couvrant en grande partie l'hémisphère nord. Le "850 HPa Temp" correspond à la température par défaut qu'il fait à 1500 mètres d'altitude. Et ce fameux 850 hpa est orienté sur une base de 1015 hectopascals au niveau de la mer, soit une situation barocline neutre. (ni en état dépressionnaire, ni en état anticyclonique).

Donc, si par exemple il fait 0°c en 850hpa, cela sous-entend qu'il peut neiger vers 1200/1300 mètres d'altitude. Mais cela varie fortement en fonction de la pression atmosphérique. Si nous sommes en situation anticyclonique, vers les 1030 hpa, alors pas de neige à prévoir sur les massifs et l’isotherme 0°C (c.a.d la limite du 0°C à l'ombre) sera plus haut que 1500 mètres. Inversement, si nous sommes en basses pressions, style 1000 hpa, alors l'isotherme 0°C en 850 hpa descendra plus bas et pourra occasionner des chutes de neige à plus basse altitude que 1200/1300 mètres. Bien sur, cela dépend dans quel flux nous nous trouvons au moment de la prévision. Si nous sommes en flux d'ouest, sud-ouest, sud, sud-est, il y a de fortes chances que la température en 850 HPa soit supérieure à 0°C ! Et inversement, dans le cas d'une dépression qui viendrait du nord ou d'un retour d'est, la limite du 0°C en 850 HPa serait plus basse, pouvant ainsi donner des chutes de neige à moyenne/basse altitude.

Aussi, plusieurs paramètres sont à prendre en compte. La pression (500 HPa), la température (850 HPa - ou - 2m Temp - pour la température au sol), et le vent (pour connaître le flux dominant du moment choisi).
Ces paramètres s'appliquent à toute saison, hiver comme été, printemps ou automne ! Avec ces bases, vous devriez pouvoir analyser sans problème un modèle numérique et le comprendre. 

Passons au mode "prévisions".
Lorsque vous cliquez sur l'icône "850 Hpa Temp", vous verrez que la ligne verte, sous les onglets en haut de page, vous permet de visionner jusqu'au chiffre 144, c'est à dire à 144 heures plus tard. Ainsi, cela vous donne accès aux prévisions que le modèle GFS vous propose par tranches horaires. Le mieux est de fonctionner de la manière suivante : +24 ; +48 ; +72 ; +96 ; +120 ; +144 - Vous l'aurez comprit, ce sont les prévisions à 6 jours.
Si vous voulez des prévisions à 9 jours, il vous suffira de cliquer sur "Top Karten", puis "9-panel".
Remarque : Vous n'aurez accès qu'à trois modèles différents pour les prévisions à 9 jours, et juste à quatre paramètres, le 500 HPa, le 850 HPa Temp, les précipitations et les températures au sol. Mais vu que vous savez désormais comment tout cela fonctionne, ce sera un jeu d'enfant que de deviner quelle météo vous attend pour les 9 jours suivants ! 

Ceci dit, faites attention à ces prévisions, car elles changent souvent, voire très souvent en hiver, et pour cause ! L'explication revient à la position des Vortex Polaires situés sur le Labrador (Est Canada) et sur l'Islande/Groenland. (Définition du Vortex Polaire). En effet, il suffit d'un poil pour que le rouage penche d'un côté ou de l'autre, suivant si l'on aime le froid et la neige, ou la douceur et la pluie ou le soleil...

Explications : 
Les vortex polaires vont définir les "centres d'actions" des dépressions et des anticyclones, surtout en hiver, d'où ce nom de "vortex polaire". Plus un vortex sera alimenté en air chaud ou froid, plus il se renforcera et se bloquera sur une position bien définie (Est Canada et Islande Groenland). La "NAO" peut également influencer sa position (Lien explication NAO). Aussi il va déterminer directement le positionnement de l'anticyclone des Açores (qui concerne directement l'Europe de l'ouest), qui lui même va influencer tout aussi directement les passages perturbés (fronts pluvieux et neigeux).
Aussi, plus le vortex Islandais (par exemple) sera faiblard, plus l'anticyclone des Açores aura tendance à remonter vers la France apportant douceur et soleil, voire vers la Scandinavie ou le proche atlantique. Si l'anticyclone est aussi faible que le vortex polaire islandais, alors on aura un temps doux et humide en flux d'ouest. Etc...
Comme vous le savez probablement, dans l'hémisphère nord, le sens de rotation et des vents dans une dépression se fait dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. C'est à dire qu'une dépression a tendance à faire remonter de l'air chaud sur l'avant de son front, puis de l'air plus frais à l'arrière dudit front. Inversement pour un anticyclone qui va faire descendre de l'air "frais" à l'avant de son front, puis de l'air chaud à l'arrière. Voici les exemples en images, les flèches rouges symbolisent les fronts chauds et les bleues les fronts froids.

Pour que vous compreniez encore mieux l'importance de ces sens de rotations des masses d'air/vent/pressions, je vais prendre pour exemple la canicule de 2003 et la vague de froid de fin janvier, début février 2012.
Pour ce faire, allez sur le site wetterzentrale.de, puis cliquez sur l'onglet "Archiv", puis sur "GFS analyse". Ensuite, sur votre gauche, sous le "Datum", choisissez votre date puis cliquez sur "Laden". (Exemple ci-dessous, le 11 Août 2003).

Comme vous le voyez, l'anticyclone positionné sur la France ramène directement du Sahara de l'air chaud. Les valeurs de températures sont éloquentes puisqu'elles dépassent les 20/25°C en 850 HPa... c'est à dire qu'on arrive souvent à 30/35°C vers 1.500 mètres d'altitude et bien plus en plaine, notamment grâce à la pression atmosphérique ! Je pense que tout le monde garde en mémoire cet été 2003 au combien caniculaire ! 

Autre cas d'école, la vague de froid de début Février 2012. 
Tout d'abord, on voit se dessiner la coulée froide venant de l'est par la position de l'anticyclone situé sur la Scandinavie/Nord Russie :

L'air froid coule sur l'Europe de l'Est et arrive sur la France, drainé notamment par une dépression située sur la Corse. Quant au vortex polaire, il s'est scindé en deux sur le Groenland.
Et effectivement, deux jours plus tard, l'air froid est là, avec du -15 en 850 HPa sur le Massif-Central et du -10 sur une bonne partie de la France.

Cette vague de froid aura durée plusieurs jours, puisque le 12 février on relevait encore ce type de températures au sol (source : infoclimat).

Et que les prévisions du site Météociel nous informaient de cela pour le début de la vague de froid :

Ce qu'il faut garder en tête, surtout lorsque l'on fait des prévisions hivernales, c'est de bien regarder les centres d'actions (vortex polaire, anticyclone, dépression(s), vents).
Mais un second facteur vient s'ajouter, il s'agit du paramètre géographique. En effet, d'un côté la ligne de montagnes située en Norvège (plus de 2.000 mètres d'altitude), tout au long de la frontière océanique, et de l'autre côté le massif de l'Oural (1.800/1.900 mètres d'altitude) sont des "draineurs" de froid. Quand un anticyclone se positionne sur la Scandinavie, il appelle l'air froid polaire qui ensuite s'engouffre entre ces deux chaînes montagneuses. Et lorsque cet anticyclone Scandinave fait jonction avec l'anticyclone Sibérien, c'est alors un flux d'est glacial et sec qui se met en place ! 
Enfin, il arrive souvent que l'anticyclone des Açores, le bien-nommé, se positionne au large de la Grande-Bretagne et alors nous avons une coulée froide et humide venant directement de la mer du Nord (flux de nord à nord ouest), apportant généralement de bonnes précipitations neigeuses sur les massifs, voire en plaine.

Confrontations air chaud et air froid :
Lorsqu'une vague de froid prend fin, la plupart du temps c'est à cause de l'arrivée d'une dépression océanique douce et humide. Compte tenu que l'air froid est plus dense que l'air chaud, il va se plaquer au sol. Aussi, tandis que les températures vont remonter très vite en montagne et que la pluie va s'installer, il peut y avoir des chutes de neige ou de verglas en plaine car l'air froid sera encore présent ! Bien entendu, tout dépend de la vigueur de la vague de froid qui touche à son terme et de l'arrivée d'air plus doux de l'océan.

Les "trous à froid" :
Bien connus des "hivernophiles", ce terme désigne certains lieux propices à de fortes gelées par temps anticyclonique. Les trous à froid, "TAF" ainsi surnommés, se situent en général au creux de montagnes ou de plateaux, et où y coule une rivière. Ce sont des cuvettes où va descendre l'air froid des montagnes et plateaux avoisinants pendant que la rivière va jouer le rôle de catalyseur. Aussi, et d'expérience, il m'est arrivé de partir de chez moi (anciennement Javols - Lozère, à 980 mètres d'altitude) avec -10°C au thermo de la voiture, et d'arriver 7 kilomètres plus loin à Aumont-Aubrac (1100 mètres d'altitude) et d'avoir +1/+2°C au thermo voiture ! D'autres TAF sont bien connus en Lozère, comme la commune de Rimeize ou encore Saint-Alban sur Limagnole (que vous pouvez retrouver en observation en temps réel sur le site Infoclimat). Aussi, lorsque l'on vit dans un "TAF", on n'est pas étonné d'avoir parfois des gelées blanches jusque début juillet ou dès la fin août !

Les inversions :
Elles se produisent le plus souvent en hiver. Il suffit qu'un anticyclone se positionne sur la France, dans un flux mou et avec une pression élevée, pour que le phénomène d'inversions se produise. Il se traduit par la persistance de températures basses en plaine, sous une couche de nuages bas, alors qu'en montagne il fait doux et beau temps !
Néanmoins, d'autres "inversions" existent. Cela concerne encore la période hivernale à printanière. Lorsqu'une dépression a traversé le pays et que s'installe ce qu'on appelle un "ciel de traîne", celui-ci véhicule de gros amas nuageux provoquant de soudaines et intenses précipitations.
Pour les néophytes, c'est ce que l'on appelle les giboulées de Mars par exemple. En montagne, cela se traduit parfois par des orages de neige ! L'explication est la suivante. Sous ces gros nuages, les précipitations sont si fortes qu'elles drainent l'air froid situé plus haut en altitude. C'est un peu comme un entonnoir où vous observez d'abord de la pluie forte, puis la température se met à chuter et la grêle ou la neige remplace très rapidement la pluie. Ce phénomène, très courant en montagne, peut apporter de 5 à 15 cm de neige en quelques minutes seulement ! Et de vécu, une fois encore en haute Lozère, je dois vous avouer que cela est impressionnant à voir et à vivre !

Enfin, pour le lexique du petit prévisionniste en météorologie, les débuts de saisons ne correspondent pas aux dates d'équinoxes/solstices. En effet, même si la Terre est au point "neutre" au solstice de printemps ou à celui d'automne (c.a.d que les pôles nord et sud forment un axe parfaitement droit avec le soleil), les saisons débutent comme ce qui suit. L'hiver prend ses aises dès le 1er décembre, le printemps dès le 1er Mars, l'été au 1er Juin et l'automne au 1er Septembre. Entre le solstice de printemps et le solstice d'automne, le pôle nord subit les assauts du soleil sans discontinuer. Inversement pour le pôle sud. Et donc, entre le solstice d'automne et le solstice de printemps, le pôle nord est plongé dans la nuit sans soleil alors que c'est l'inverse pour le pôle sud ! 
Sachez néanmoins, pour vos prévisions, que le vortex polaire commence à naître dès l'équinoxe d'automne et commence à disparaître dès l'équinoxe de printemps... et vice et versa dans l'hémisphère sud !

Voila pour cet article qui, je l'espère, vous aura été clair et précis et vous permettra de faire vos propres prévisions météorologiques. A bientôt pour de nouvelles aventures  !